Le syndrome de l'imposteur: quand le succés se transforme en angoisse - partie 1
Imaginez-vous au sommet : vous venez d'obtenir une promotion, d'achever un projet majeur, ou vous recevez simplement des compliments sincères sur votre travail. Logiquement, vous devriez ressentir de la fierté. Pourtant, une petite voix insistante murmure à l'arrière de votre esprit : "Tu ne le mérites pas. C'est un coup de chance. Bientôt, tout le monde va découvrir que tu n'es qu'une imposture."
Si cette petite voix vous est familière, vous n'êtes pas seul(e). Vous faites partie des millions de personnes, souvent les plus brillantes et les plus compétentes, qui souffrent du syndrome de l'imposteur.
DÉFINITION ET DÉMYSTIFICATION
Découvert par les psychologues Pauline Rose Clance et Suzanne Imes en 1978, le syndrome de l'imposteur n'est pas un trouble psychique, mais une expérience interne de « supercherie intellectuelle », où la réussite est systématiquement attribuée à des facteurs externes (le hasard, la chance, le travail acharné) et jamais à ses compétences ou à son intelligence.Ces deux psychologues ont étudié 150 femmes diplômées qui exercaient des métiers prestigieux et étaient reconnues pour leurs compétences. Or, ces femmes brillantes ne considéraient pas qu’elles avaient réussi. Elles expliquaient leur situation par des facteurs externes comme le hasard ou la chance, Ces femmes pensaient qu’on les surestimait. Elles craignaient d’être « démasquées », que les autres s’aperçoivent qu’elles n’étaient pas si compétentes qu’ils le croyaient.
Dans cet article, nous allons déconstruire ce sentiment de fraude. Nous explorerons les mécanismes de la peur d'être démasqué, les racines de ce doute tenace qui prend parfois source dans nos systèmes relationnels, et surtout, nous vous donnerons des pistes concrètes pour transformer ce doute en un moteur d'action et de reconnaissance de votre juste valeur.
LES MÉCANISMES DE LA FRAUDE INTÉRIEURE
Les 5 rôles que l'on joue pour éviter d'être démasqué.
Le syndrome de l'imposteur n’est pas seulement une simple pensée ; il se traduit par des comportements concrets, souvent inconscients, visant à contrôler la situation et à s'assurer que personne ne découvrira l'incompétence présumée. Ces stratégies de protection sont paradoxalement celles qui nous épuisent le plus.
Voici les rôles les plus fréquents que l'on adopte pour gérer cette peur d'être "démasqué" :
1. Le Perfectionniste (ou l'Obsessif du Contrôle)
C'est la stratégie la plus classique. Vous travaillez deux fois plus que les autres, vérifiez et revérifiez chaque détail. Pour vous, l'excellence n'est pas une option, c'est une nécessité vitale.
- La croyance : "Si je ne fais aucune erreur, personne ne pourra dire que je suis incompétent(e)."
- L'effet pervers : Lorsque vous réussissez, vous attribuez le succès non pas à vos capacités, mais à cet excès de travail. Le doute est renforcé : il faut toujours en faire plus pour maintenir l'illusion. Ce comportement est un pur comportement d'évitement, car il vous éloigne de la possibilité d'être évalué(e sur vos seules compétences).
2. Le Génie Naturel
Ce rôle s'applique si vous pensez que vous devriez réussir du premier coup et sans effort visible.
- La croyance : "Si je dois me battre ou si je dois apprendre quelque chose, cela prouve que je ne suis pas naturellement doué(e) et donc, que je ne suis pas légitime."
- L'effet pervers : Vous avez tendance à procrastiner ou à abandonner les tâches qui demandent trop d'effort. L'échec est moins douloureux si l'on peut dire que l'on n'a pas vraiment essayé.
3. L'Individualiste (ou Le Solitaire)
Vous éprouvez une difficulté majeure à demander de l'aide ou des conseils, même lorsque vous êtes en difficulté.
- La croyance : "Demander de l'aide révèlera mes lacunes et prouvera que je ne sais pas faire. Je dois le faire seul(e)."
- L'effet pervers : Vous vous isolez et vous surchargez de travail, ce qui augmente le stress et, ironiquement, les risques d'erreur. Ce manque de communication affecte également vos relations de travail ou personnelles.
4. Le Super-Héros/La Super-Héroïne
Vous accumulez les rôles, les titres et les tâches. Vous vous sentez obligé(e) d'être un(e) excellent(e) parent, un(e) conjoint(e) parfait(e), un(e) collègue indispensable…
- La croyance : "Si je prouve dans tous les domaines que je suis au-dessus de la moyenne, ma valeur sera incontestable."
- L'effet pervers : Cette surcharge conduit inévitablement au burn-out. Le succès dans tous ces domaines est alors attribué à la simple endurance, et non à une réelle compétence.
Ces stratégies sont des mécanismes de défense. En thérapie, l'objectif n'est pas de juger ces rôles, mais de comprendre qu'ils sont la manifestation d'une peur profonde.
La prochaine étape, que nous verrons dans l’article suivant, est de rechercher d'où vient cette peur et comment cette croyance limitante a pu s'installer et prospérer…
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