Psychothérapie EMDR

Qu’est ce que l’EMDR ?

 Le sigle EMDR (Eye Movement Desensitization and Reprocessing) se traduit littéralement par «désensibilisation et retraitement par les mouvements oculaires ». L’EMDR est une approche thérapeutique mise au point par Francine Shapiro, psychologue américaine, en 1987 et diffusée en France par le Dr David Servan-Schreiber.

L’EMDR s’adresse à toute personne souffrant de perturbations émotionnelles généralement liées à des traumatismes psychiques.

Il peut s’agir de traumatismes « évidents »  avec un grand «T» (violences physiques et psychologiques, abus sexuels, accidents graves, décès, maladies graves, guerres, attentats…).

Mais il peut s’agir aussi de traumatismes avec un petit «t», qui peuvent être la source de comportements inadaptés ou excessifs  (enfance perturbée, séparations, fausses couches et IVG, deuils, difficultés professionnelles…).

Ces perturbations émotionnelles peuvent s’exprimer par de l’irritabilité, de l’angoisse, des cauchemars, des phobies et de l’évitement, des somatisations, de la dépression et des troubles de l’humeur…

Ces perturbations apparaissent quand notre cerveau est dépassé par un choc traumatique et qu’il n’arrive pas à «digérer» les informations. Le cerveau reste bloqué sur ces évènements et  ces informations non traitées  deviennent source des perturbations.

La Thérapie permet de débloquer les mécanismes de traitement de l’information, et le trauma peut être retraité, même de nombreuses années après.

Indications de l’EMDR

L’EMDR est destiné à tout individu souffrant de perturbations émotionnelles. Celles- ci sont souvent les conséquences de traumatismes psychologiques, que ceux-ci soient flagrants (les actes terroristes, les guerres, les accidents graves, les abus sexuels, les violences physiques ou psychologiques, les catastrophes naturelles…) ou moins évidents (séparation, divorce des parents, fausses couches, IVG, deuils, difficultés professionnelles, enfance perturbée…).

L’EMDR prend en considération le passé, le présent et le futur. Le but est d’aider un individu à atteindre un équilibre émotionnel, afin que ses réponses à une situation donnée soient adaptées, aussi bien intellectuellement, émotionnellement que physiquement.

Un traumatisme génère des troubles émotionnels voire psychologiques, qui apparaissent quand le cerveau n’est plus capable de traiter, d’assimiler les informations comme il le faisait habituellement. Les manifestations émotionnelles post-trauma sont variables : angoisse, état dépressif, irritabilité, douleurs physiques, somatisations…

Les champs d’action de l’EMDR sont  les suivants :

– le stress post –traumatique, l’anxiété généralisée, les attaques de panique, certains TOC

– la dépression et l’humeur dépressive, la tristesse

– les difficultés de sommeil et les cauchemars

– les phobies, autour d’un objet ou de situations, Peurs spécifiques: avion, transport en commun

– la colère, la difficulté à gérer la colère

– les problèmes d’attachement, sentiment de dépendance à autrui

– la gestion de la douleur chronique

– Trouble psychosomatique (psoriasis, problèmes de peau)-

– le deuil

– le manque d’estime de soi, le manque de confiance en soi…- Préparation à un examen, coaching entreprise

– les troubles des conduites alimentaires, les addictions (au tabac, à l’alcool, au jeu, au travail…)

– Burn out, harcèlement

– Événements douloureux et répétés (trauma multiples)

Pierre Alechinsky

Effets de l’EMDR

L’EMDR permet la remise en route d’un traitement adaptatif naturel des informations douloureuses bloquées, la mobilisation de ressources psychiques et la restauration d’une estime de soi déficiente. Quand un trauma survient, il peut se retrouver bloqué dans le système nerveux avec le souvenir d’origine, les sons, les pensées, les émotions du passé et les sensations physiques. Il semble que la thérapie EMDR entraîne le déblocage du système nerveux et permette au cerveau de retraiter l’expérience traumatique. Ce processus peut être assimilé à ce qui se produit pendant le rêve (phase paradoxale Rapid Eye Mouvement) où les mouvements oculaires rapides facilitent le retraitement du matériel inconscient. Il est important de noter que c’est le patient qui active son propre processus de guérison, qui jusque là était bloqué par le trauma.

Le traitement de l’information est un phénomène naturel de « digestion » des évènements de vie ou de souffrances existentielles.

L’EMDR ne peut ni effacer, ni changer le passé, mais permet qu’il ne soit plus douloureux.

Grâce au processus neurologique mis en oeuvre par cette thérapie, le cerveau « intègre » ou « digère » les résidus dysfonctionnels du passé jusque-là restés insidieusement actifs.

Les souvenirs sources d’angoisse diminuent progressivement leur charge affective, en mettant fin à la souffrance et aux réactions associées (crises de panique, peurs incontrôlées, anxiété…).

La pratique de  l’EMDR s’est désormais étendue aux phobies, aux troubles de l’estime de soi et aux affects dépressifs, car un grand nombre de ces problèmes psychiques découlent d’expériences difficiles vécues dans l’enfance (et même dans la vie intra-utérine).

Samy Charnine

 

Efficacité de l’EMDR

L’EMDR est une méthode psychothérapeutique particulièrement efficace. Elle est la seule avec les thérapies comportementales et cognitives dont l’usage est officiellement recommandé pour le traitement des traumatismes psychiques par la Haute Autorité de la Santé (HAS) qui intervient dans la validation des soins médicaux, depuis juin 2007. de même que l’OMS qui recommande l’utilisation de la Thérapie EMDR dans les états post-Traumatiques, en date du 8 Aout 2013.

 Déroulement d’une séance d’EMDR

Le traitement commence après un ou des entretiens préliminaires, permettant de créer une relation de confiance et de «cibler» le ou les souvenirs traumatiques, et arrêter un plan de Traitement. Les séances de retraitement consisteront à demander au patient de se concentrer sur une image cible de l’événement perturbant, ainsi que la pensée négative alors présente, les souvenirs sensoriels associés (image, sons, odeurs, sensation corporelle) et les émotions présentement liées. Le thérapeute effectuera alors des « sets » de stimulations bilatérales alternées (SBA), stimulant donc alternativement le cerveau gauche et droit (stimulations oculaires, mais aussi tactiles ou auditives).

Ce dispositif ne demande aucun effort particulier au patient : il est juste invité à la fin de chaque set à dire ce qui lui vient à l’esprit. Au fur et à mesure, des associations d’idées émergent et les patients retraitent les différentes informations liées au souvenir, et les intègrent à leur réseau de mémoire de manière fonctionnelle, adaptée.

Entre chaque  set , le thérapeute demande au patient de lui restituer ce qui lui est venu à l’esprit au cours des stimulations.

Lorsque le patient peut repenser au souvenir sans gêne émotionnelle et l’associer à des pensées positives, les stimulations bilatérales sont arrêtées. Celles-ci ont ainsi désensibilisé le souvenir du trauma et reprogrammé les croyances négatives qui y étaient liées.

Il arrive qu’au cours d’une séance, le patient traverse des émotions fortes ; il peut également arriver qu’entre deux séances de telles  émotions resurgissent, ainsi que  d’autres souvenirs, comme dans toute forme de thérapie.

L’événement se retraite spontanément et différemment selon chaque patient. Les améliorations peuvent être rapides, ou plus lentes, selon la complexité des traumatismes enkystés.

Le retraitement d’un trauma peut nécessiter une à plusieurs séances de thérapie. Au final le patient expérimente une amélioration de la perturbation émotionnelle en lien avec le souvenir traité, et un apaisement. Une séance dure entre 60 et 90 minutes.

 

Comment fonctionne l’EMDR?

L’EMDR semble agir directement sur le fonctionnement neurologique en rétablissant la capacité du cerveau à traiter l’information. Ainsi, après les sessions d’EMDR, les images, les sons, les sensations et les émotions envahissantes initiales ne sont plus réactivés lorsque la personne repense à l’événement. On se rappelle encore de l’événement, mais sans la détresse intense. On pense que l’EMDR agit de la même manière que la phase de rêve, pendant laquelle les yeux bougent rapidement, ce qui vient faciliter la «digestion» du matériel emmagasiné lors de nos expériences. On peut donc considérer que l’EMDR est une thérapie ayant des bases physiologiques permettant de  concevoir les souvenirs perturbateurs sous un angle nouveau et avec moins de détresse.

 Selon le modèle de Francine Shapiro, l’information liée au traumatisme serait stockée de manière fragmentée (des images, des sons, des odeurs,…) au niveau cérébral, et ces différents fragments ne seraient pas reliés entre eux, ce qui empêcherait l’intégration (le «classement», «la digestion», la «synthèse») du trauma dans la mémoire.

Francine Shapiro observe que dans le fonctionnement normal, le cerveau est tout à fait capable de traiter des informations chargées émotionnellement, et elle postule l’existence d’un système de traitement d’information spécifique, traitant les souvenirs traumatiques (2/3 des personnes qui ont vécu un traumatisme unique moyennement intense peuvent digérer ce souvenir de manière spontanée sans aide thérapeutique). Ce système de Traitement d’Information Adaptatif (TIA) ne fonctionnerait pas chez certaines personnes.

 

Lorsque les événements de la vie génèrent trop de perturbation émotionnelle, que ce soient des «grands» traumatismes (viol, accident, attentat, tremblement de terre…) ou des «petits» traumatismes  répétés (être humilié dans l’enfance, être le témoin de violentes disputes de ses parents, etc.), ce processus de traitement de l’information ne fonctionne plus. Les conséquences négatives de ce dysfonctionnement sont souvent durables : syndrome de stress post-traumatique, troubles dépressifs, anxieux ou alimentaires, toxicomanies, troubles physiques variés, etc.

On estime que le traumatisme est un blocage du traitement adaptatif de l’information.

Par ailleurs, ce modèle considère les situations actuelles génératrices de souffrance comme des réactivations d’un trauma passé, non résolu et non traité.

 

L’EMDR est fondé sur un modèle neurologique dans lequel la stimulation alternée des hémisphères cérébraux rétablirait un processus de remise en lien d’éléments de traitement de l’information (émotionnels, cognitifs, physiques) déconnectés par l’événement traumatique.

L’EMDR utilise l’attention bifocale. La personne pense à son expérience passée, parfois avec beaucoup d’émotion et en même temps, elle considère ce qui se produit dans son corps, dans le moment présent, au cours de cette évocation. Cette « double attention », qui est aussi le fait de focaliser son attention à la fois sur ce qui se produit à l’extérieur de soi (les stimulations sensorielles) et à l’intérieur de soi (les images, les émotions et les sensations), faciliterait le processus thérapeutique.

 

 

Pour en savoir plus :

EMDR France:  http://www.emdr-france.org/lemdr-cest-quoi/

Témoignages de patients:  http://www.emdr-france.org/lemdr-cest-quoi/les-temoignages/